Fourmis sanguinaires

Campo-cruentatus2                     Un nom bien mérité

La fourmi Camponotus cruentatus est l’une des espèces les plus communes des forêts méditerranéennes où abondent les chênes. Quand Linné, naturaliste suédois du XVIIIe siècle, la décrivit, il a qualifia de « cruenta » (cruelle) en raison de la férocité avec laquelle elle était capable de mordre. Juan Martin, professeur d’écologie à l’université Complutense de Madrid et spécialiste des fourmis ibériques, a déjà assisté à « une bataille pour la nourriture entre deux fourmilières de Camponotus cruentatus. À l’issue de la rencontre, des dizaines, voire des centaines de fourmis gisent sur une surface pouvant atteindre 300 m2. On s’aperçoit que les cadavres sont souvent dépourvus de tête et de pattes ». Un soldat peut mesurer jusqu’à 21 mm de long, ce qui fait de lui l’une des fourmis les plus grandes parmi les 258 espèces déjà décrites en Espagne. Les villes souterraines de ces fourmis peuvent abriter entre 50 000 et 60 000 individus qui se consacrent la cueillette et à l’élevage. Ces fourmis alimentent en effet sur leurs chênes, des populations de pucerons sur le dos desquels elles tambourinent avec leurs antennes pour leur faire sécréter un nectar dont elles raffolent. Mais les fourmis sont aussi le mets favori d’autres animaux, comme le sanglier.

National Geographic, France, Octobre 2001