Acacias sous haute protection

L'entente semble parfaite entre l'acacia de Zanzibar et les fourmis du genre Crematogaster. L'arbre héberge, dans des épines creuses spécialement modifiées, les fourmis. Celles-ci, en retour, montent la garde et attaquent impitoyablement tout insecte ou mammifère herbivore qui s'approcherait. Ce faisant, elles pourraient gêner les insectes qui viennent apporter le pollen et féconder les ovules. Comment concilier protection et pollinisation ? Deux chercheurs anglais ont étudié les acacias du parc de Mkomazi, en Tanzanie, et les allées et venues de leurs fourmis attitrées (P.G. Willmer et G.N. Stone, Nature , 388 , 165, 1997). Les fourmis ont des tours de garde, ne patrouillant que très tôt le matin ou dans l'après-midi. Cela suffit généralement à laisser la voie libre aux abeilles pollinisatrices. Si les fourmis se montrent trop zélées, les jeunes fleurs en attente de pollen émettent un cocktail odorant répulsif spécial anti-fourmi. Le système est efficace : la fourmi, perturbée et l'abdomen soudain dressé en l'air, s'éloigne sans demander son reste. Les vieilles fleurs, celles qui fanent, ne repoussent pas les fourmis. En revanche, si on les a frottées à de jeunes fleurs, elles acquièrent ce pouvoir répulsif. Les jours de pluie, l'eau élimine le produit volatil et les fleurs, jeunes et vieilles, sont pareillement gardées. Les fourmis assistent ainsi leur hôte à tous les stades de sa reproduction : elles protègent les boutons et les graines en cours de maturation, s'absentant juste au bon moment, le temps de la fécondation.

La recherche, n° 301, septembre 1997
ECHOS DE LA SCIENCE