De l'avantage d’être sociable...

La vie en société permettrait trait à certains individus de repousser l’échéance fatale de façon spectaculaire. En comparant les données fournies par la littétatute, L. Keller et M. Genoud, deux chercheurs suisses, mettent en évidence une corrélation très nette entre le fait de vivre groupés et la durée de vie. Alors que les insectes solitaires vivent en moyenne à peine plus d’un mois, les abeilles, fourmis et termites peuvent atteindre les deux ans et leurs reines, cinq à onze ans (Nature 389, 958, 1997). Etonnant paradoxe : plus ces reines sont fécondes, plus elles se dépensent, et plus elles vivent longtemps.

Les hypothèses évolutionistes prédisent que si les facteurs environnementaux de mortalité, comme la prédation sont importants les aninaux doivent vivre et se reproduire le plus rapidement possible avant d’être mangés ; ils ne sont donc pas programmés pour durer. Pour les deux chercheurs, les reines d’insectes sociaux ont réussi au cours de l'évolution l'exploit de limiter au maximum les facteurs externes de mortalité : pas de prédation, peu de maladie, des repas servis à toute heure. Des conditions de vie optimales qui leur ont permis de ralentir leur vieillissement au point de multiplier par cent leur durée de vie. Certaines d’entre elles peuvent ainsi atteindre l'âge respectable de 28 ans.

La Recherche, n° 305, janvier 1998